• L'épineuse question des microstocks

    Ils sont incontournables. Ils rassemblent des centaines de millions d'images, mais à lire la presse spécialisée et les blogs de photographes, aucun pro ne les alimenterait! Si ce n'est une poignée de "traîtres" sans talent, qui contribueraient ainsi à tuer la profession...

    Le Gabut, à la Rochelle

    Je ne reviendrai pas ici sur la genèse des microstocks. Je m'abstiendrai également de tout jugement à l'emporte-pièce... Tapez "microstocks, pour ou contre" sur Google et vous devriez réussir à occuper votre temps de lecture pour les quelques jours à venir!

    Déjà, dans l'idéal, méfiez-vous des ayatollah de la photo. Mais si, vous savez bien, tout ces "pros" qui ont systématiquement un avis sur tout, sans jamais avoir vraiment à argumenter puisque de toute façon "la photo c'est comme ça et pas autrement": tout ceux qui au début du numérique en prédisait déjà la mort (une technologie dont la qualité d'image n'égalerait jamais celle de l'argentique), tout ceux qui aujourd'hui regardent encore les hybrides avec un œil méprisant, ne jurant que par leur reflex plein-format, etc.

    Bref, mis à part en photographie, rien n'est jamais vraiment noir ou blanc finalement! Qu'il soit métier ou passion, la pratique de cet art laisse peu de place au dogme. Et ne voir dans les microstocks qu'une évolution inéluctable de la diffusion de l'image, ou bien l'ultime coup porté par la modernité à une profession déjà moribonde (un peu comme le poinçonneur des Lilas, remplacé en son temps et de façon brutale par des tourniquets automatiques) reste dans les deux cas assez réducteur.

    Personnellement, j'ai bien-sûr une idée sur la question (m'embêterais-je sinon à écrire cet article!): d'une part en tant que client, d'autre part en tant que contributeur.

    Dans mon boulot - j'ai un magazine municipal à sortir tous les 15 jours - pour l'image, je bosse essentiellement avec un photographe indépendant. Mais je dispose aussi d'un abonnement chez IStock... Les graphistes du service sont les principaux utilisateurs de la plateforme, pour illustrer affiches ou livrets. Mais je ne crache pas dessus de temps à autre, et pour plusieurs raisons: mon budget "photo" n’étant pas extensible, je suis sélectif sur les sujets confiés à mon photographe et limite son action à du reportage en "local" essentiellement. IStock devient alors idéal pour illustrer un papier sur l'organisation d'un futur salon du camping-car, ou un prochain championnat de natation! Par ailleurs, le magazine doit être "dans son temps", et ressembler ainsi aux news magazines de la presse généraliste: maquette contemporaine, mais également images accrocheuses (voire stéréotypées?)... Pour illustrer un papier sur les relations de bon voisinage aux beaux jours (bruits de tondeuses, fumées de barbecue, etc.), quoi de mieux: un papy du coin en train de tondre sa pelouse, ou bien une photo avec des trentenaires aux dents blanches surjouant un repas convivial entre amis dans le jardin? Vous avez la réponse.

     Du point de vue "contributeur", j'ai eu envie, au gré de mes lectures d'articles "pro" et "anti" microstocks, de confronter certains de mes travaux dormants (voir liens à la fin de l'article) aux exigences de ces plateformes d'une part, et à celles d'acheteurs potentiels d'autre part. Ce n'est pas exactement comparable, mais en gros, à l'instar de certaines lectures de portfolio dans le monde réel (qui permettent de se perfectionner et de recueillir l'écho de professionnels), les microstocks ne sont pas vraiment ouverts à n'importe qui.

    La sélection n'est pas la même partout, mais à chaque fois le contributeur ne met pas ses photos en vente directement; il les propose au site concerné qui décidera après examen de les proposer à le vente ou non. Le "tri" est bien réel et répond à une certaine subjectivité: les photos refusées chez untel ne le seront pas forcément ailleurs, et vice versa. Parmi les principaux critères: poids et format de l'image, post-traitement minimaliste, mais aussi composition, droits (propriété, modèle...), etc... Quand je lis parfois que les stocks ne sont alimentés que par des amateurs qui peuvent ainsi recycler toutes leurs photos de vacances, ce n'est pas tout à fait vrai.

    L'épineuse question des microstocks

    En revanche, les critères de sélection sont tels que le système encouragerait une certaine uniformité. Ce n'est pas faux. Les stéréotypes sont nombreux et les images que l'on trouve sur les stocks sont parfois assez formatées... Mais le constat est-il absurde? Les microstocks ne sont jamais que des banques d'images, et comme telles elles se doivent de pouvoir coller à certaines tendances. Même avant l'apparition des microstocks, les photographes qui bossaient pour les banques n'étaient pas recrutés pour leur "œil" unique et novateur, mais bien parce qu'ils savaient techniquement (et bêtement?) répondre à la commande, sans rien y apporter surtout, ni sur la forme, ni sur le fond.

    Terminons enfin avec la partie pognon. Le modèle économique des microstocks est surprenant: hors exclusivité, un photographe qui parvient à vendre une de ses photos via un microstock touchera autour de 0,25 centimes d'euros... C'est à la fois peu et beaucoup: s'il ne la vend qu'une fois, ça fait pas cher payé. Mais, et c'est l'idée des microstocks, si il a mis en ligne quelques milliers de clichés, qu'il arrive à vendre plusieurs fois chacun dans le mois, la paie au final s'avère méchamment plus lucrative! Certains y parviennent, et je vous garantis que ce ne sont pas des amateurs!

    En bref, je ne pense pas que les stocks tuent le métier. C'est juste à mes yeux un nouveau canal de vente, ouvrant sans doute sur de nouvelles pratiques... Et après ?

    Une large majorité de photographes poussent de grands cris indignés face à ces nouvelles plateformes ? Et pourtant. Il y a toujours eu des photographes débutants prêts à bosser pour 50 euros de l'heure, et d'autres qui vous facturent sans sourciller un shooting à plus de 15 000... Et cet état de fait n'a jamais vraiment fait gueuler grand monde dans la profession.

    A suivre...

     

    Mes portfolios sur les microstocks:

    I Stock

    Shutterstock

    Dreamstime

     


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